Tigre et dragon
Auteur |David Martin
Je me souviens très bien des discussions lors de la sortie du film en 2001, il y a déjà 15 ans. N’étant pas un habitué des films asiatiques (très peu l’étaient à l’époque) ni des films d’arts martiaux, je ne comprenais pas bien ce qui pouvait susciter un tel engouement de la part du grand public.
J’avais donc décidé d’aller voir le film en salle. Éblouissement. Je n’avais en tête que quelques bribes de films de Bruce Lee, son cri caractéristique, le bruit de son nunchaku.
Tout était différent ici. Calme, paisible en apparence. De la danse. De la chorégraphie. Les acteurs s’envolent des les 10 premières minutes du film. Ce n’est pas du tout réaliste et c’est très beau.
Je n’avais jamais vu ça.
Et puis il y a cette féminité, l’absence de bien et de mal. L’amour, la passion confrontés à la tradition.
Les décors sont magnifiques, les costumes de Tim Yip , mélange de tradition et surréalisme.
Le spectateur est pris, dès le début du film, catapulté dans une Chine ancestrale, baroque, riche, sombre, romantique.
Je suis resté en apnée pendant toute la durée du film. Des force implacables vont s’affronter devant moi, et contrairement à beaucoup de film où il est question de combat, ce ne sont pas le mal et le bien qui s’opposent.
La tradition s’opposent à la modernité. L’amour s’oppose à la tradition. Li Mu Bai (Chow Yun Fat) et Yu Shu Lien (Michelle Yeoh), portent en eux tout le poids de la tradition et ne peuvent vivre l’amour, même si l’on sent que cet amour les consument de l’intérieur. Tout est dans le non dit. La retenue.
Ce sont des héros d’un temps presque révolu, ils ne peuvent trahir un ancien camarade de combat, mort pourtant, à qui la guerrière était promise et vivre leur amour.
Jen Yu (Zhang Ziyi), la très belle et très fougueuse aristocrate est promise à un homme de son milieu, mais elle aime en secret un brigand de grands chemins. Leur amour est impossible à eux aussi. Décidément! A croire que l’impossibilité soit une condition première de l’amour! Et pourtant il est déjà consommé cet amour, elle a résisté longtemps, tenter de tuer à maintes reprises ce « Nuage Noir » (Luo Xiao Hu) qui l’avait volé, elle et sa mère, mais c’est plus fort qu’elle, le feu brûle en elle, et seul cet intrépide trouve grâce à ses yeux. Que ferait elle mariée à un aristocrate? Une vie calme et rangée ne lui conviendrait pas, elle, qui hésite encore entre le bien et le mal, guidée par cette mauvaise femme Jade la Hyène, qui a regarder de plus près est simplement une femme féministe et libre (elle a tué son maître car il voulait bien d’elle dans son lit mais se fichait de lui apprendre l’art du Wu Tang).
Cependant le film reçu des critiques sévères de la part des puristes des films d’arts martiaux « Trop américanisé », « de la danse pas des arts martiaux ». » Une vision trop carte postale et trop lisse de la Chine ». « Trop différents des films de sabres, codés, rigides comme l’acier des lames » « Un film de gonzesses » diront même certains.
Tigre et Dragon est en effet tout ça aussi, mais qu’importe. Il faut le voir comme un de ces rêves fabuleux que l’on fait parfois, où l’on vole, traverse des forêts de bambous, plane au dessus d’une montagne.
Tigre et Dragon c’est 2 heures en apesanteur.