Responsable de linguistique chinoise
Lian CHEN 陈恋, docteure en Sciences du langage à Cergy Paris Université ; enseignante de CLE à La Rochelle Université.
Participants (par ordre alphabétique)
Amélie QIAO VIMENET 乔美丽 : DAEU A (diplôme d’accès aux études universitaires option littéraire), Licence 1 en Langues Etrangères Appliquées Anglais-Chinois à La Rochelle Université.
Charly VILLAIN 韦夏里 :MBA1 Wines&Spirits Marketing and International Trade à l’Académie Internationale des Vins en Alsace ; Master 2 en Langues, cultures, affaires INTERNATIONALES – La Rochelle Université ; Master 2 en Master de Traduction et d’Interprétation – Beijing Language and Culture University
Constance NOWAK 冬雪 :Licence 3 LEA Anglais Chinois – Université de Picardie Jules Verne, Amiens
Lan ZHANG 张澜 :Master 2 en Didactiques des langues et ingénierie pédagogique numérique (DILIPEM) – Université Grenoble Alpes.
Mengjiao YU 于梦娇 :L3 en LEA anglais-chinois- Universite Grenoble Alpes ; M1 en International Marketing and Business Development(Skema) – Skema Business School.
Organisation


Introduction du projet :
L’objectif principal de ce projet est de mettre en valeur la diversité des langues enseignées à l’INALCO et de créer une synergie entre les enseignants-chercheurs de l’équipe PLIDAM (EA 4514), en particulier les axes 3 (Lexique et traduction : quelle didactique ?), 4 (Littérature et culture en didactique des langues) et 5 (Développement et pratique d’outils numériques). Fondé sur la traduction ou la re-traduction d’un texte classique de la littérature française, Les Fées de Charles Perrault (1697) vers des langues ou variétés de langues plus ou moins diffusées, il se composera de plusieurs volets successifs :
1) TRADUCTION LITTÉRAIRE
Chaque participant/e se chargera d’un domaine linguistique précis. Idéalement, le travail serait réalisé dans le cadre d’un enseignement, avec un groupe d’étudiants. Les traductions devraient être prêtes avant le 14 juillet 2022.
2) LECTURE PUBLIQUE
Le 30 septembre 2022, à l’occasion de la Journée mondiale de la traduction, nous organise- rions une série de lectures multilingues avec nos étudiants, dans un jardin public de Paris ou dans une salle de théâtre.
3) COLLOQUE
Nous partagerions nos expériences dans le cadre d’un colloque qui pourrait avoir lieu au début de l’année 2023, afin d’évoquer les enjeux de la traduction littéraire dans nos enseigne- ments et de croiser nos regards sur les aspects linguistiques, culturels, stylistiques et pragmatiques du travail accompli.
4) PUBLICATION
Les actes contiendraient les communications présentées lors du colloque, ainsi que les traductions (textes imprimés et fichiers audio préparés avec la participation de locuteurs natifs).

Les fées
Charles Perrault
version modernisée (1902) ; texte établi par Pierre Féron
Il était une fois une veuve qui avait deux filles : l’aînée lui ressemblait si fort d’humeur et de visage, que, qui la voyait, voyait la mère. Elles étaient toutes deux si désagréables et si orgueilleuses, qu’on ne pouvait vivre avec elles. La cadette était le vrai portrait de son père pour la douceur et l’honnêteté. Comme on aime naturellement son semblable, cette mère était folle de sa fille aînée et, en même temps, avait une aversion effroyable pour la cadette. Elle la faisait manger à la cuisine et travailler sans cesse.
Il fallait, entre autres choses, que cette pauvre enfant allât, deux fois le jour, puiser de l’eau à une grande demi-lieue du logis, et qu’elle en rapportât plein une grande cruche. Un jour qu’elle était à cette fontaine, il vint à elle une pauvre femme qui la pria de lui donner à boire.
« Oui dà, ma bonne mère, » lui dit la jeune fille ; et, rinçant aussitôt sa cruche, elle puisa de l’eau au plus bel endroit de la fontaine et la lui présenta, soutenant toujours la cruche, afin qu’elle bût plus aisément. La bonne femme, ayant bu, lui dit : « Vous êtes si bonne et si honnête, que je ne puis m’empêcher de vous faire un don ; car c’était une fée qui avait pris la forme d’une pauvre femme de village, pour voir jusqu’où irait l’honnêteté de cette jeune fille. Je vous donne pour don, poursuivit la fée, qu’à chaque parole que vous direz, il vous sortira de la bouche ou une fleur, ou une pierre précieuse. »
Lorsque cette fille arriva au logis, sa mère la gronda de revenir si tard de la fontaine. — « Je vous demande pardon, ma mère, dit cette pauvre fille, d’avoir tardé si longtemps ; » — et, en disant ces mots, il lui sortit de la bouche deux roses, deux perles et deux gros diamants. — « Que vois-je là ! dit sa mère tout étonnée ; je crois qu’il lui sort de la bouche des perles et des diamants. D’où vient cela, ma fille ? » (Ce fut là la première fois qu’elle l’appela sa fille). — La pauvre enfant lui raconta naïvement tout ce qui lui était arrivé, non sans jeter une infinité de diamants. — « Vraiment, dit la mère, il faut que j’y envoie ma fille. Tenez, Fanchon, voyez ce qui sort de la bouche de votre sœur, quand elle parle ; ne seriez-vous pas bien aise d’avoir le même don ? Vous n’avez qu’à aller puiser de l’eau à la fontaine, et, quand une pauvre femme vous demandera à boire, lui en donner bien honnêtement. — Il me ferait beau voir, répondit la brutale, aller à la fontaine ! — Je veux que vous y alliez, reprit la mère, et tout à l’heure. »
Elle y alla, mais toujours en grondant. Elle prit le plus beau flacon d’argent qui fût dans le logis. Elle ne fut pas plus tôt arrivée à la fontaine, qu’elle vit sortir du bois une dame magnifiquement vêtue, qui vint lui demander à boire. C’était la même fée qui avait apparu à sa sœur, mais qui avait pris l’air et les habits d’une princesse, pour voir jusqu’où irait la malhonnêteté de cette fille. — Est-ce que je suis ici venue, lui dit cette brutale orgueilleuse, pour vous donner à boire ! Justement j’ai apporté un flacon d’argent tout exprès pour donner à boire à Madame ? J’en suis d’avis : buvez à même si vous voulez. — Vous n’êtes guère honnête, reprit la fée, sans se mettre en colère. Eh bien ! puisque vous êtes si peu obligeante, je vous donne pour don qu’à chaque parole que vous direz, il vous sortira de la bouche ou un serpent, ou un crapaud. »
D’abord que sa mère l’aperçut, elle lui cria : Eh bien ! ma fille ! — Eh bien ! ma mère ! lui répondit la brutale, en jetant deux vipères et deux crapauds. — Ô ciel, s’écria la mère, que vois- je là ? C’est sa sœur qui en est cause : elle me le paiera ; et aussitôt elle courut pour la battre. La pauvre enfant s’enfuit et alla se sauver dans la forêt prochaine.
Le fils du roi, qui revenait de la chasse, la rencontra et, la voyant si triste, lui demanda ce qu’elle faisait là toute seule et ce qu’elle avait à pleurer ! — « Hélas ! Monsieur, c’est ma mère qui m’a chassée du logis. » — Le fils du roi, qui vit sortir de sa bouche cinq ou six perles et autant de diamants, la pria de lui dire d’où cela lui venait. Elle lui conta toute son aventure. Le fils du roi considérant qu’un tel don valait mieux que tout ce qu’on pouvait donner en mariage à une autre, l’emmena au palais du roi son père, où il l’épousa.
Pour sa sœur, elle se fit tant haïr, que sa propre mère la chassa de chez elle ; et la malheureuse, après avoir bien couru sans trouver personne qui voulût la recevoir, alla mourir au coin d’un bois.
Sources :
Version originale (1697) :
https://fr.wikisource.org/wiki/Histoires_ou_Contes_du_temps_pass%C3%A9_(1697)/ Original/Les_F%C3%A9es
Version modernisée (1902) :
https://fr.wikisource.org/wiki/Contes_de_Perrault_(%C3%A9d._1902)/Les_F%C3%A9es